Cannes 2011
Cannes 2011
Le portrait est pour moi une proposition de réalité, et non la réalité elle même. L'Image d'une personne se construit ainsi, aussi riche que le permettra une multitude de propositions.
Dans cette idée, le portrait de célébrités devient d'année en année un exercice de plus en plus difficile. La célébrité est mise en avant comme un produit de consommation, avec tout ce que cela comporte. Ils sont mis en avant pour vendre des produits de beauté, ils deviennent les égéries des créateurs de mode et le rôle du photographe portraitiste disparaît peu à peu derrière ces enjeux commerciaux. Il devient alors pour lui de plus en plus difficile de se singulariser. En 2004, j'avais déjà mis en place l'Automaton dans une sorte de réaction à cet état de fait, pour échapper au diktat des publicitaires, attachés de presse et maisons de couture. J'avais proposé à toutes les personnalités de poser dans une cabine mobile de ma fabrication, seules, et de déclencher eux même le temps de 12 photos. Pas de retouche ni de validation ultérieures, telle était l'idée.
En 2011, en commande pour le journal Le Monde, j'ai photographié les personnalités en recherchant à mettre en valeur leur « matérialité ». J'avais une carte blanche et le choix de la personnalité mis en avant chaque jour dans le quotidien me revenait. Cela m'a permis de travailler sans soumettre mes images à la validation des célébrités et de leur équipe et d'imposer une image non retouchée.
Le portrait de célébrités est devenu à mon sens un chemin imposé pour obtenir des commandes mais est aussi le piège qui mène ainsi à une certaine uniformisation des regards, une absence de diversité.